dimanche 28 juillet 2013

Ignorance


Les blagues sur le sujet ont commencées très tôt. A l’époque où nous jouions encore au chat perché et à cache-cache. A l’époque de l’insouciance, de l’ignorance et des pains au chocolat au goûter. En règle générale, ça ne partait de rien, si ce n’est d’un refus de faire boire aux copains une gorgée dans notre brique de jus multivitaminé. C’est à ce moment précis que ces bouches enfantines déclaraient d’un air de dégoût: «Oh, c’est bon j’ai pas le sida!». 
Le mot est dit. 
C’est assez incroyable que dans un pays comme le notre, les gens soient si peu informés sur cette maladie; qu’ils en parlent comme d’une maladie médiévale. Certains voient ça comme une forme de lèpre, ils imaginent les séropositifs comme des êtres chétifs, perdant des lambeaux de peau, mis en quarantaine et incapables d’avoir une vie dite normale. 
En grandissant, il me devient de plus en plus difficile d’entendre des propos aussi stupides venant de personnes ne maitrisant absolument pas leur sujet. Forcément, lorsqu’au cours d’une conversation, le sida est mis sur la table, le débat se trouve être virulent et surtout un véritable nid à élucubrations rocambolesques. Chacun prétend savoir de quoi il parle, avoir un ami qui l’a, soit disant obligé de s’enfermer chez lui de peur de transmettre sa maladie au reste de la population mondiale. D’autres affirment qu’il est interdit aux séropositifs de pénétrer le territoire de Dubaï et que c’est une excellente mesure prise par le gouvernement. Comment peut-on être satisfait par le fait qu’il soit interdit à un être humain atteint d’une maladie de pénétrer au sein d’un pays? Une discrimination pareille ne semblait pas choquer mes interlocuteurs. Bien au contraire. Ils félicitaient vigoureusement cette mesure et auraient souhaité qu’elle soit appliquée au reste du monde. 
Peut-être certaines de ces personnes liront cet article, alors il est peut-être temps pour moi de rétablir certaines vérités afin que les idées reçues soient dissipées. 

Du temps où j’étais au lycée, je fréquentais une association qui s’occupait des jeunes séropositifs. Par là, je ne parle pas des gens venant de découvrir leur séropositivité, mais plutôt de ces jeunes adolescents et enfants portant le virus. 
Tous supportaient plutôt bien leur maladie, la prise de médicaments quotidienne, les traitements qu’ils prendront jusqu’à la fin de leurs jours, les séjours à l’hôpital, les effets secondaires des médicaments. En revanche, ce qu’ils supportaient moins, c’était les railleries à l’école, les petits commentaires, les préjugés. Beaucoup de ces jeunes adolescents étaient obligés de cacher leur séropositivité et de jouer un double jeu. Eux aussi se retrouvaient à faire des commentaires du type «Whoaaaah, tu saignes, me touche pas, je vais avoir le sida!». Beaucoup devaient se taire lorsqu’ils entendaient des informations totalement fausses sur cette maladie, de peur d’être découverts. 
Est-ce normal pour un enfant de vivre dans la peur d’être rejeté car il porte un virus dont ils ne veut pas? 
Dans la majorité des cas rencontrés dans cette association, les enfants ne sont pas tombés malade via leur mère, durant la gestation. En règle générale, ils avaient été contaminés dans des hôpitaux en Afrique. Toutefois, d’autres avaient été contaminés lors d’incestes, de viols. On pouvait trouver différents cas de figures. Même entre séropositifs, le sujet est tabou, en parler est difficile. Beaucoup en ont honte. 

Je tiens donc à dire ici que non, on n’attrape pas le sida en buvant dans le verre de son copain. Ni en faisant une accolade à un séropositif. Ni même en l’embrassant. Le sida se transmet lors de l’acte sexuel non protégé, et c’est aussi valable pour les fellations. Ce que beaucoup ignorent. Non, les homosexuels ne sont pas la cause du sida, ils ne sont pas plus touchés par cette maladie que les hétérosexuels. Par conséquent, j’insiste sur le fait que n’importe qui peut être contaminé. Il n’y pas de profil particulier. Le virus s’installe là où il peut survivre. Donc, dans n’importe quel organisme humain. 
Nous sommes en 2013 et beaucoup d’entre nous ne savent toujours pas quels sont les risques du sida, ni comment on l’attrape. 
Il est absolument primordial de crever l’abcès et d’en parler librement, d’informer les gens sur les risques du sida, mais aussi de leur ouvrir l’esprit et de balayer les préjugés.